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L’art a ce potentiel de transformer un projet motivant en une soudaine leçon d’humilité. Sans trop plonger dans les soucis techniques, le processus créatif transporte souvent l’artiste dans un parcours introspectif inattendu et enrichi d’émotions importantes. En toute honnêteté, je ne vois pas comment l’art pourrait se faire autrement. Quelle serait la vie sans tous ses obstacles et défis à surmonter? Si vous me demandez franchement, je crois que les tâches difficiles sont des étapes importantes qui nous permettent d’apprendre et de gravir les échelons. Plus souvent qu’autrement, la courbe d’apprentissage, quoique frustrante à l’occasion, est fondamentale au progrès d’un artiste. Le planchiste Rodney Mullen parle de calcul variationnel dans le documentaire ” Until The Wheels Fall Off” lorsqu’il analyse la capacité à Tony Hawk d’apprivoiser les techniques de skateboard. J’ai trouvé intéressante cette perspective mathématique qui rationalise le développement personnel et je vois comment celle-ci pourrait s’appliquer au travail d’un artiste. Je suis constamment en quête d’amélioration et chacune de mes oeuvres est un prétexte pour perfectionner mon savoir-faire.
« Enfants d’or » est un portrait réalisé au stylo à bille sur canevas de bois de 18×14 pouces et embelli avec des feuilles d’or et de la peinture acrylique. Le projet a démarré sur une note positive, comme tout projets sur lesquels je travaille. J’étais enthousiaste lorsqu’on m’a proposé de créer ce portrait qui me demandait de jumeler deux photos pour en créer une oeuvre originale. J’y voyais aussi l’opportunité de prendre un peu de recul dans mon travail sur « le Champ de lavande », un autre mandat sur lequel je me concentrais à l’époque. Également en production, il y avait « Inspiration Divine », une réalisation au stylo-bille sur canevas de bois. Somme toute, la vie et l’art allait bon train et j’étais emballé à l’idée de livrer tous ces projets fascinants. C’est à ce moment que la vie s’est permis de lancer cette balle rapide en 2020 que pratiquement tout le monde reçu dans l’estomac. Je me souviens que j’étais en train d’achever la plupart de mes commissions lorsque la pandémie de Covid s’est invitée à Québec. Rendu au mois de mars, j’avais perdu mon emploi et j’étais coincé avec un loyer coûteux. Les chiens du voisin en ajoutaient en n’arrêtant pas de japper. Je vous invite à relire mon blogue « Gadbois: visage du printemps » si vous souhaitez connaître les dessous de mon état d’âme lors de mes dernières semaines à Québec.
Pour en faire une histoire courte, tout semblait bien se passer lorsque j’ai reçu une bien mauvaise nouvelle. Exprimée de façon prosaïque, l’entente venait de tomber à l’eau. La personne derrière la commande m’abandonnait sans même avoir vu le travail en personne. J’étais sous le choc. Et donc, il y a sur mon mur le portrait de deux enfants que je ne connais même pas. Ils me regardent, comme des gens épeurants qu’on trouve dans les anciennes photographies Victoriennes. On dirait qu’ils essaient de m’avouer quelque chose de troublant. L’art trouve toujours le moyen d’attirer l’attention et de révéler des secrets à ceux qui l’observe. Comme un invité qui refuse de partir, ce portrait me perturbe. Il me rappelle des souvenirs pas trop agréables et me force à me remémorer des moments difficiles que j’ai vécus avant de partir de la ville de Québec. Il m’indique certainement quoi ne pas faire pour les projets à venir. Merci à tous ceux qui m’on appuyé au cours de ce mandat. J’ai depuis apporté des ajustements et je fais dorénavant toujours signer une entente avant de me mettre au travail.
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